Au sujet du coup d’État manqué du 7 décembre dernier au Bénin, l’intervention de l’armée nigériane, déployée sous mandat de la CEDEAO aux côtés des Forces de défense et de sécurité béninoises, continue d’alimenter les débats. Invité ce jeudi 11 décembre dans la rubrique « Invité de Spécial » sur Esae TV, le Ministre Conseiller à la Défense et à la Sécurité, Rachidi Gbadamassi, a tenu à clarifier la nature de cet appui extérieur. D’entrée, il rappelle que la collaboration avec le Nigéria ne traduit « aucunement une incapacité de l’armée béninoise à faire face aux ennemis ». Selon lui, les FDS avaient déjà « neutralisé les putschistes à plus de 99 % » avant l’appui aérien nigérian et français.
« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Les gens sous-estiment la capacité de nos forces de défense et de sécurité, une armée structurée, organisée et équipée », soutient-il. Le Ministre Conseiller insiste : « Nos forces de défense et de sécurité avaient déjà fait le travail à plus de 99 %. »
Il explique que le choix tactique de l’armée béninoise a été dicté par la volonté d’éviter un bain de sang, notamment dans les quartiers de Togbin, Fidjrossè et Akogbato, des zones densément peuplées. « Les équipements dont disposent nos forces de défense et de sécurité, si on devait les utiliser, cela ferait beaucoup de dégâts », souligne-t-il. Selon lui, le Président de la République a été clair dans ses instructions en tant que Chef suprême des armées : la priorité absolue était la protection des civils. « Même les putschistes, nous avions la possibilité de les neutraliser quand ils prenaient la fuite, mais notre objectif n’était pas de les tuer. Nous sommes un État, et même en période de guerre, il y a des lois à respecter. Nous ne devons pas agir comme des voyous. Nous sommes une armée républicaine. »
Concernant le recours à l’appui aérien nigérian, Rachidi Gbadamassi précise que l’opération nécessitait des avions dotés d’une capacité de frappe de précision. « Nous avons ces avions, mais ils étaient en maintenance. C’est pour cette raison que le Nigéria est intervenu sous mandat de la CEDEAO, et nous les remercions. » Il ajoute que cette participation était strictement limitée à l’appui aérien, afin d’effectuer des frappes ciblées et éviter des pertes civiles : « Si on devait attaquer avec les équipements lourds que nous avons, il y aurait trop de pertes en vies humaines. Le Président voulait éviter cela à tout prix. »
Pour illustrer l’esprit de coopération régionale, il utilise une métaphore : « Le serpent est entré dans la maison. Que ce soit la femme ou l’homme qui l’a tué, pourvu que le serpent meurt. Je salue le soutien de la communauté sous-régionale qui partage les mêmes idéaux que nous : plus de coup d’État. »
Enfin, il rappelle que l’intervention de la CEDEAO a été ponctuelle et ciblée : « La CEDEAO a agi sous mandat juste pour cette opération. Sinon, ce sont nos forces de défense et de sécurité qui ont fait face aux mutins en les mettant hors d’état de nuire. Comme l’a dit le colonel Tévoèdjrè, il y a eu plus de 45 minutes d’échanges de tirs. À ce moment-là, les Nigérians n’étaient pas encore là. », a conclu le Ministre Conseiller à la Défense et à la Sécurité.
Brieux Noureni


























































